Le futsaliste, l’anti-futsalix
De nouveaux termes, il en faut parfois. Il en fallait un aussi pour qualifier bon nombre de passionnés de futsal, à l’opposé du « grand mal du futsal français », le futsalix. Ce vrai passionné qui a enfin un nom: le futsaliste.
Le terme « futsalix », apparu chez nos confrères de France-Futsal, visait à qualifier l’un des grands maux actuels du futsal français: ce futsalix, spectateur fan, « ne réfléchissant pas trop aux valeurs de ce noble sport qu’est le futsal, mais le considérant comme une discipline spectacle, en mode bling-bling ». Un sport, pour eux « petit frère du football », devenu par miracle très « intéressant » depuis l’annonce de l’arrivée de Ricardinho sur les bords de la Seine. L’occasion d’acheter le prochain poster du portugais pour ces pseudo fans, qui courront comme des ados effarouchés lorsque le prochain abonnement sur Bein sortira.
Il faut de tout pour faire un monde. Pour les plus extrêmes, le futsalix est cet homme, consommateur invétéré (et décérébré) de football (sur herbe), qui aura un jour découvert le futsal. Un futsal « compris » sous le prisme de son regard limité (le futsal c’est du foot dans un salle), mêlé d’une propension à la non-réflexion, commentateur débonnaire et franchouillard qui doit toujours avoir, seul, la bonne analyse et la bonne compréhension d’une réalité somme toute parfois complexe.
Pas très enclin au débat, le prototype même du « kéké à bretelle » est facilement débusquable. Alors qu’il n’y connait pas grand chose au futsal et ses valeurs, les réseaux sociaux sont le milieu sauvage de prédilection du futsalix. Il doit absolument l’ouvrir, avide à commenter des posts aussi inutiles qu’aguicheurs. Exit l’extase ou l’analyse d’une belle phase de jeu, il donnera nécessairement son avis de « technicien » mitomane, tel ce pauvre renard des surfaces qui n’a que des miettes pour exister: les potins et les ragots.
Le futsalix n’est même pas capable d’aligner 3 noms de coachs de D1 futsal, et vacille à l’évocation de la règle du power-play. Il aime le bling-bling, n’est pas enthousiaste, ne fait que « dézinguer » sur les réseaux un prétendu club ou joueur ennemi, et n’a pas conscience que le futsal (quel que soit sa forme) est une jeune discipline, du moins en France, qui demande patience, éthique et déontologie. Le futsalix est un caméléon: il n’y connait que dalle. Qu’on le retrouve sur les réseaux sociaux ou dans des postes à responsabilité, le temps joue contre lui. Il finira par se faire débusquer: il n’y connait que dalle. Ne veut ni comprendre, ni faire l’effort de connaître une discipline qui n’est pas du foot. Qui n’a rien à voir avec ses codes les plus vils, sur ou en dehors du terrain.
Pour les puristes du futsal, arrivés bien bien longtemps avant la pandémie du futsalix allant de pair avec la médiatisation, la bêbête ne se résumerait qu’en l’importation du prototype du beauf fan de foot, se croyant tout permis: un fan démoulé trop chaud.
Le futsalix est à coup sûr un fan de la dernière heure, croit tout savoir et connaître, et n’hésitera pas à dire sans sourciller: « le futsal c’est du football ». Le futsalix cherchera à consommer le produit tel une « orange dont il jetera la peau », et ne se serait même pas intéressé au futsal si le journal l’Equipe n’avait pas parlé du dernier transfert à la mode.
Ces futsalix sont à notre sens surtout ceux qui considèrent le futsal (la version Closer) comme une succession de retournées acrobatiques, aficionados des derniers passements de jambes sur YouTube. Laissons ce qui est au football, au Foot 5 ou au Street ce qui est à Lionel Messi, Sean Garnier ou Popol avec ses amis dans le five du coin. Le futsal est un art, et qui a une histoire. Le futsal (français) vient des quartiers, qu’on le veuille ou non. Une discipline à part entière. Et c’est notamment sous ce prisme que la rupture idéologique est nette entre notre ami « futsalix » et le futsaliste.
le futsalix: un beauf supporter de foot
a se sentir blessé lorsqu’il verra en gros titre d’un quotidien national « La venue du Messi du Football en Salle » ou « Ricardinho, le Ronaldo du futsal ». Rupture idéologique nette. Le futsal n’est pas du football. Point barre.
Le futsaliste, au contraire du Futsalix, est très serein, et ne sursaute pas à la première annonce de transfert. Par contre, il va se sentir blessé lorsqu’il verra en gros titre d’un quotidien national « La venue du Messi du Football en Salle » ou « Ricardinho, le Ronaldo du futsal ». Rupture idéologique nette. Le futsal n’est pas du football. Point barre.
Le futsaliste est plutôt sympa: il n’a toujours pas tranché entre le futsal originel (le futsal AMF, représenté en France par l’AFF) et le futsal FIFA (FFF), et estime qu’il y a une place pour tous, dans un respect mutuel. Après tout, il ne s’agit que de sport. Pas sectaire le futsaliste, mais pas indécis non plus totalement. Même si, après tout, et il est vrai que la fédération internationale du football à quelque peu changé les règles originelles du futsal, le futsaliste se dit: pourquoi pas ? Et que ces 2 types de futsal (ou 2 disciplines à part entière pour les puristes) peuvent très bien coexister, pourvu qu’existe le respect. Lorsque on se place du côté du terrain, le futsaliste pourrait à la limite tout apprécier. Même si rien ne lui interdit de faire un choix. Question de positionnement.
Par contre, il est certain que le futsaliste à horreur du bling-bling à outrance (mais aime le spectacle), et, même s’il respecte le football, tout comme le handball ou le ping-pong, ne peut se résigner à ce que le futsal soit assimilé à du football et certaines de ses valeurs, quitte à oublier celle du futsal.
Car en effet, le futsaliste n’en oublie pas l’histoire qui a fait le futsal, et que ce sport, hérité des règles du basket ou du water-polo (plus que le football) , entre autres, a été créé par une personne nommée Ceriani, que c’est la FIFUSA qui a créé le terme FUTSAL. Le futsaliste, amateur de futsal FIFA et AMF (ou de l’un des deux) , refuse que l’histoire de l’un, somme toute passionnante et intéressante, en efface une autre. Deux visions se sont développées, il en accepte le fait ou pas, mais n’en est pas sectaire pour autant. Cela reste du sport.
Tout le contraire du futsalix dont le regard ne sera porté que vers la lumière des spotlights et le merchandising, quitte à oublier ceux que l’on cantonne, volontairement ou involontairement, dans l’ombre. Il y a de la place pour tous, et cela, soit le futsalix l’oublie, soit il n’y a même pas réfléchi.
Si le futsaliste voit fatalement se développer les futsalix, punition nécessaire à l’émergence et la médiatisation du futsal en général, le futsalix, quant à lui, n’a pas conscience que le futsal a, justement, une histoire et une conscience.
Le futsaliste a clairement horreur que l’on décrive sa discipline comme un tremplin pour le football, non pas comme un sport à part entière et une fin en soi. Pourtant le futsal le mérite. Encore une fois, ce n’est clairement pas du football.
Le futsaliste, respectueux de toutes les pratiques, est curieux, passionné, avide de beauté de jeu, que l’on tire des jets francs à 9 mètres ou 10 mètres. Il peut prendre le même plaisir à voir du futsal AMF ou FIFA. Vive le futsal. Vive les futsals. Mais pourvu qu’on assimile pas le futsal a du football. Juste cela. Encore et encore une fois. Le futsaliste reste vigilant.
Le futsaliste ne se laisse pas berner, et n’oublie pas qu’avant le spectacle, il y a aussi surtout des bénévoles dans les petits clubs. Les valeurs avant le marketing et l’inculture. Le futsaliste n’est pas une marchandise ni un consommateur. Il vit intensément. Oui, on oubliait, le futsaliste est aussi militant et intelligent.
En bref,
Définition. LE FUTSALISTE: une personne supportrice de son équipe quoiqu’il arrive (il peut ne pas en avoir mais ne s’inventera pas de vie), connaisseur de l’histoire (tumultueuse parfois) du futsal. Qui croit sincèrement que le futsal n’est et ne sera jamais du football. Ni un tremplin vers le football en matière de formation. Un sport avec ses nobles valeurs, même s’il existe plusieurs variantes de celles-ci: un futsal originel (AMF) et un futsal avec d’autres règles (FIFA). C’est la réalité. Le futsaliste reste vigilant sur le fait de voir se transformer dans l’avenir le futsal en une vulgaire marchandise, assimilée à du football, comme le seul qui n’aurait jamais existé. Il ne croit pas tout connaitre, il apprend et reste humble. Au football ses propres règles, au(x) futsal(s) les siennes, son histoire et ses valeurs propres. A horreur du bling-bling, des titres aguicheurs. Reste prudent sur les réseaux. Ne calque pas sa réflexion avec des réflexes de footeux. A un immense respect pour tous les pratiquants, qu’elle qu’ils soient. La communauté du futsal (et ses valeurs) existent bien.
Définition. LE FUTSALIX: une personne qui suit le futsal à distance. Croit que le futsal c’est du football. Fan de la dernière heure, et non pas connaisseur, il croit tout connaitre et comprendre, alors qu’il ne connait même pas le nom du créateur du futsal. Il doit réviser. Il croit que le futsal améliorera les chances de jeunes ados avec des rêves de carrières illusoires. Amateur de transfert, de commentaires sur les réseaux, d’articles putaclics, et de plusieurs équipes à la fois (au gré du vent), il ignore la plupart des règles du jeu spécifique au futsal (il s’en fout), sa vision du futsal ne se résume qu’aux grands titres de journaux racoleurs et aux dernières vidéos postées sur YouTube. Il est arrivé sur le tard et se prend pour le maître de la destinée de la discipline: il sait tout. En lui parlant de valeurs du futsal, il vous regarde avec un regard vide. En lui parlant de Ricardinho, il hésitera, de peur de dire une bêtise, et se rappelera in-extremis de ne pas parler de Ricardinho Gaucho. Ouf. Le futsalix connait toutes les tenues camouflages.