Mayulu (MVFC): un français au pays des Magyars
Figure montante de cette jeune vague talentueuse du futsal français et et passé par le Sporting Paris, Kingersheim ou le KB, Chrisy Mayulu Litanda a surpris son monde en février dernier, en quittant le championnat français de D1. Le joueur de 23 ans a posé ses valises en Nemzeti Bajnoksag 1 (NB1), la première division hongroise, chez le champion en titre, le MFVC. Un pari pas si risqué au final, qui pourrait permettre à Mayulu de prendre une nouvelle dimension.
MadeInFutsal: Chrisy, Bonjour. On espère tout d’abord que tu vas bien. Pourrais-tu présenter ton parcours futsalistique ? Par quels clubs es-tu passé ?
Chrisy Mayulu: Je vais très bien merci. J’ai commencé le futsal à l’âge de 19 ans au Sporting de Paris, puis je suis resté 3 ans dans le club parisien. Dû à un problème j’ai dû quitter le Sporting à la trêve en janvier 2019 et j’ai ensuite signé à Kingersheim en D2, où j’ai joué 2 mois, car je ne pouvais pas passer d’un club de D1 à D1. A l’été 2019, j’ai signé au KB et j’y ai fais 6 mois. C’est en ce mois de février 2020 que j’ai signé en Hongrie au club du MVFC Berettyóújfalu (ndlr : prononcer Bé Ré Ti YouJ Falou).
Question: Quelle est ta particularité en terme de profil. A quel(s) poste(s) joue-tu ?
C.Mayulu: Je suis un joueur plutôt puissant, technique et buteur. Je suis pivot et ailier. Je n’aime pas trop rester statique en pivot, mais j’aime plutôt jouer le ballon et être en mouvement.
Question: Quelle est tactiquement ta configuration d’équipe que tu préfères le plus ? A quel système t’adaptes-tu le mieux ?
C.Mayulu: Le système qui me convient le mieux est le 3-1, parce que j’aime bien parfois être en mode pivot et d’un coup basculer sur le côté en 1 contre 1. J’aime beaucoup bouger. Dans le 3-1, je peux me retrouver en pivot comme en ailier. C’est donc le système que je préfère le mieux.
Question: Tu étais récemment sous contrat au KB, et tu joues actuellement en Hongrie. Quel a été le contexte de ton transfert, et dans quels circonstances s’est-il effectué ?
C.Mayulu: Les 6 premiers mois au KB n’ont pas été faciles. Cela a été des mois d’adaptation. J’ai travaillé, je n’ai pas lâché. Début 2020, en 3 matchs j’ai inscrit 3 buts et je commençai à m’adapter à l’équipe, je me sentais mieux. Mais malheureusement au KB cela ne suivait pas. J’ai eu la proposition d’un club en Hongrie, d’un club qui jouait la Ligue des Champions et qui est professionnel et très bien structuré. Ce sont ces raisons qui m’ont poussé à signer en Hongrie, chez le champion en titre. J’ai estimé que c’était un plus pour moi, j’ai donc décidé d’y aller. C’est mon agence qui m’a contacté et qui m’a dit que mon profil de pivot intéressait.
Question: Un français en Hongrie, c’est un transfert plutôt inhabituel. Quels sont les arguments de ton club qui t’ont convaincu ? Peux-tu nous présenter la ville dans laquelle tu vis ?
C.Mayulu: Ce sont les discussions du coach qui m’ont convaincu. Ce que je recherchais c’était de progresser. Malgré mes qualités offensives, apprendre défensivement en Hongrie sont l’un de mes objectifs.Et je suis convaincu que je peux progresser avec cette équipe et son coach.
Berettyóújfalu est une ville plutôt rurale, qui m’a marqué par le côté très chaleureux de la population.
NB: La ville de Berettyóújfalu est une ville de 14 000 habitants, situé à l’extrême Est de la Hongrie, à proximité de la frontière roumaine .
Question: Pourrais-tu nous présenter un petit peu plus ton club ? Quelle est sa situation sportive actuelle ? Y’a t-il d’autres internationaux ou étrangers présents dans ton équipe ?
C.Mayulu: Le MVFC est l’un des meilleurs clubs du pays. Le club a terminé la saison régulière en tête. C’est actuellement les playoffs et le club est premier des playoffs. Ce sont les 2 premiers des playoffs qui joueront la finale. Ce club est très structuré et ambitionne d’avoir des résultats. Il y a plusieurs internationaux hongrois dans l’équipe de très bonnes qualités et très bons dans le jeu. Il y a un espagnol, Alvaro, passé par la Roumanie et la D2 espagnole. Il y a aussi Diece, un gaucher passé par le Benfica, et qui a joué plusieurs fois la ligue des champions.
Question: Comment estimes-tu le niveau de l’équipe que tu as rejoins, et, de manière générale, le niveau du championnat hongrois?
C.Mayulu: Le niveau de l’équipe que j’ai rejoins est vraiment impressionnant. Je ne m’attendais pas à ça. Tactiquement, cela m’a impressionné. Ils ne rigolent pas. C’est bien rodé. L’entraineur espagnol, très pédagogue, nous fais progresser. Le championnat est plutôt bon, avec 2 équipes qui se détachent clairement du lot : le MFVC et Haladas.
Question: Peux-tu nous présenter rapidement le format de compétition du championnat en Hongrie ? Quels sont les objectifs cette saison ?
C.Mayulu: Le championnat hongrois s’organise avec une saison régulière. A la fin, il y a les play-offs, avec 8 matchs aller-retour. Le 1er de la saison régulière commence avec des points d’avance sur les autres équipes. Il faut terminer premier du classement pour recevoir 3 fois lors de la finale et aller 2 fois à l’extérieur. C’est assez comparable au championnat espagnol. Nous voulions le doublé coupe-championnat, mais nous venons de perdre en coupe face à Haladas. L’objectif principal est de gagner le championnat pour jouer la Champions League la saison prochaine.
Question: As-tu pu observer des différences entre le championnat français et hongrois ? En termes de préparation, de tactique, d’approches des matchs ?
C.Mayulu: Je n’ai pas observé de grandes différences, hormis au niveau tactique. Mais hormis cela, le futsal français est très talentueux, en terme de virtuosité. Si le MVFC et Haladas sont nettement un ton au-dessus des meilleures équipes françaises tactiquement, mais en terme de talents il n’y a aucun différence. Le talent est peut-être du côté français. En termes de préparation, il n’y a pas de différences notables.
Question: En rejoignant la Hongrie, qu’est-ce qui t’a motivé sportivement parlant ? La Champion’s Ligue a t-elle été un argument?
C.Mayulu: Le fait de pouvoir progresser et engranger de l’expérience. Clairement. La Champions League a aussi joué. Je ne l’ai jamais joué, et j’aimerai pouvoir le faire.
Question: As-tu des objectifs concernant l’Equipe de France ? Est-ce que rêvetir le maillot bleu est une motivation pour toi ?
C.Mayulu: L’Equipe de France est clairement mon objectif. C’est l’une de mes motivations. C’est l’une des choses à laquelle je pense souvent. Je pense avoir fait le bon choix pour rejoindre l’équipe de France.
Question: As-tu un mot particulier à délivrer à tes anciens coéquipiers, et de manière générale, aux futsaleurs qui souhaiteraient s’expatrier à l’étranger ?
C.Mayulu: Je remercie tous les coéquipiers que j’ai croisé. J’ai beaucoup appris. J’étais le plus jeune au KB et au Sporting. Ils m’ont aidé à grandir. Je souhaite que les français cessent d’avoir peur de s’expatrier et qu’ils tentent leur chance, qu’ils puissent oser à franchir le pas. Il faut le faire.
Afin de mieux te connaitre, pourrais-tu répondre à ces quelques questions de manière spontanée:
- Le futsal, c’est du football ou du futsal ? Ce n’est pas du football.
- ton club français de futsal préféré ? Oulala (rires)… Je n’ai pas de préférences particulières. J’ai des attaches dans les 2 clubs.
- ton club européen de futsal préféré ? (pas en Hongrie) Movistar
- le meilleur joueur de futsal du monde pour toi ? Ricardinho
- la meilleure sélection futsal du monde ? Espagne
- ton plat préféré ? Le Fumbwa (plat congolais)
- ta chanson préférée ? Le King m’a validé -Bigty feat. Markis :
- ton film préféré ? Intouchables
- le pays qui a inventé le mouvement de la sape ? (Congo Kinshasa ou Congo Brazza?). C’est bien évidemment le Congo-Kinshasa (rires).
L’avis de Made In Futsal
Le championnat de D1 perd en la personne de Mayulu l’un de ses plus talentueux joueurs. Percutant et plaisant à voir évoluer (notamment sous les couleurs du Sporting), le choix du joueur s’avérera sans nul doute payant, et ce, pour plusieurs raisons: gagner de l’expérience et découvrir un nouveau futsal d’abord, avec l’optique de disputer la Champions League, dans un club poids-lourd du championnat hongrois, coaché par Cabrera (l’almérian est passé par le Qatar ou Melilla). C’était donc le bon moment. Choix également payant pour la France, car le pays manque cruellement de bons pivots confirmés (au sens futsalistique). Si Mayulu était une valeur sure en la matière en France, il ne pourra que se bonifier à l’étranger. Et cela est plutôt une bonne nouvelle pour l’Equipe de France, qui, après ne pas s’être qualifiée pour la Coupe du Monde en Lituanie, aura nécessairement besoin de sang neuf. A moins que la RD Congo, dans un contexte de développement du futsal africain, ne mette (enfin) en place une équipe nationale que ce grand pays mérite tant. La France ne peut se permettre de laisser de côté un tel talent. L’avenir le dira…
Le MVFC Berettyóújfalu
Aller plus loin
- En savoir plus sur le championnat hongrois: http://futsalhungary.hu/
- A propos de la ville de Berretyoujfalu
- A propos du MVFC Berretyoujfalu
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