Equipe de France FFF: pas d’Euro 2022, une bonne nouvelle pour le futsal français ?
Nos bleus n’iront pas à l’Euro. Rageant. Après la déception, le bilan. Derrière l’apparent (et logique) constat d’échec, cette élimination de notre sélection nationale n’annonce t-elle pas un proche futur florissant pour le futsal de France? MadeinFutsal vous partage ses quelques réflexions, à contre-courant.
Oui, la France a failli. Changement de plan pour 2022.
Loin de nous l’idée d’un titre racoleur, pouvant paraître quelque peu exagéré, afin d’attirer les clics. Il reflète pourtant vraiment notre pensée. Nous y reviendrons plus tard.
Oui, l’équipe de France a failli. Le bilan est tout simplement logique: les bleus n’iront pas à l’Euro 2022 en pays batave. Bien dommage, car nous comptions réellement faire partie du gratin du futsal UEFA, comme l’aboutissement de l’évolution d’un futsal FFF français qui aura fait des progrès ces dernières années, selon les commentaires habituels.
Deux matchs nuls face à la Géorgie en décembre 2020 (4-4) puis en février 2021 face à l’Arménie (4-4), les hommes de Pierre Jacky iront se faire cueillir en Russie un mois plus tard (3 à 2, puis 5 à 1). Malgré un dernier match remporté 5 à 1 en Arménie le 14 Avril 2021, les Bleus pointent pourtant à la 3ème place du groupe 2 des qualifications pour l’Euro 2022. Nous n’irons pas à l’Euro. 5 matchs dans cette campagne de qualifications, pour 3 défaites et 1 seule victoire.
Si le temps du conseil de classe de fin d’année était venu, la majorité ne pourrait que constater que l’équipe de France de futsal version FFF resterait condamnée à ne pas « passer à la classe supérieure », « condamnée à redoubler », malgré la 25ème place de la France au Futsal World Ranking (au 20/04/2021). Il faut dire que les espoirs déçus de voir la France aux Pays-Bas ne portent pas tellement à se remémorer ce ranking, aussi réel qu’abstrait. La Bosnie (27e), la Georgie (29e), la Pologne (26e), la Slovaquie (28e) seront bien de la partie, eux.
La France n’est pas (encore) un grand du futsal. Ni européen, ni mondial. Malgré les discours bien trop positifs, entendus ça et là, la France n’y est pas. Près de 16 campagnes européennes ou mondiales depuis 1999, et une seule qualification à l’Euro 2018 en Slovénie. Un miracle. Un nul face à l’Espagne. Un autre miracle.
Les réactions, notamment sur les réseaux sociaux, ne se sont pas fait attendre.« Joueurs vieillissants, polémique sur le gardien, joueurs injustement non-sélectionnés, manque de turn-over, groupe fermé, sélectionneur qui a fait son temps ». Les qualificatifs, la déception et parfois la colère sont perceptibles, même si les mots parfois durs. Parmi toutes les critiques, celle du sélectionneur originaire d’Alsace, Pierre Jacky, à la tête des bleus depuis 2004. Des noms de sélectionneur sont soufflés (Benamrouche de Garges, Deman-Marouani de Toulon, voire des étrangers...).
Période de crise sanitaire propice à la réflexion, doutes et manques de visibilité quant à ce que sera le lendemain, l’équipe de France FFF séniors risque fort de s’ennuyer ces prochaines années. Non qualifiée à l’Euro 2022 et au prochain mondial lituanien, le temps risque d’être long… sauf si …
Et pourtant. Tout n’est pas si sombre
Exit le débat sur le sélectionneur et le turn-over sur les joueurs (qui reste une vraie question à aborder), le constat n’est pas si sombre. Regardons du côté de quelques statistiques. Si la France ne s’est qualifiée que pour 1 seule compétition majeure ces 20 dernières années (soit depuis qu’elle existe), faut aussi dire que les résultats (pris match par match) sont bien plus reluisants.
Lorsque l’on se penche sur l’évolution des ratios nombre de buts marqués/encaissés en compétition officielle (tableau ci-dessous), il est clair que l’Equipe de France version Pierre Jacky est bien plus performante qu’à ses débuts. Depuis 2004 et son arrivée à la tête des Bleus, les courbes « Buts Pour » et « Buts Contre » ont tendance à se rapprocher et coïncider, preuve que sur un match, et de manière générale, les Bleus font bien mieux face à leurs adversaires, bien loin des punitions subis avant les qualifs de l’Euro 2012. Les qualifications pour l’Euro 2014 et l’Euro 2018 resteront les références d’une équipe de France pas si « degueulasse ». Si la réalité du terrain et les matchs couperets tranchent au final sur des non-qualifications, l’évolution du rapport entre buts marqués et encaissés a de quoi satisfaire. L’équipe de France a gagnée en qualité, c’est indéniable. Elle joue mieux ces dernières années.
Une autre donnée mérite que l’on s’y penche: celle de l’efficacité globale des résultats en compétition officielle (matchs par matchs), calculée sur le ratio entre matchs gagnés et matchs perdus (non pas sur les seuls buts). Le tableau ci-dessous, au contraire du tableau précédent, montre que la sélection nationale a perdu en efficacité au vu de ces résultats, et notamment suite à l’Euro 2018. Il faudra en conclure que l’équipe de France aura été bien moins performante durant la campagne de qualifs à l’Euro 2022 comparée aux campagnes de 2018, 2014 et même de 2016.
Si la conclusion peut paraître hâtive et pseudo-scientifique, nous dirons simplement que, si en progression et produisant plus de qualité, cette campagne pour l’Euro 2022 aura laissé bon nombre d’observateurs sur leur faim, entrainant un débat somme toute logique entre les partisans de l’évolution qualitative des Bleus sur le long terme (ne surtout rien changer par prudence), et ceux partisans d’une recherche de résultats à moyen terme (faire table rase de l’existant).
Qui sera le prochain sélectionneur de l’Equipe de France? La question, au risque d’en decevoir certains, ne nous intéresse même pas.
Au final, l’Equipe de France ne doit pas être le (seul) débat
La France non qualifiée à l’Euro 2022 ? Cela risque fort de pouvoir être la bonne nouvelle du moment, même si cela fait mal de le dire. Oui, nous sommes déçus. Mais ne pas gagner en sport permet aussi de faire sereinement son auto-critique. Il y a désormais le temps.
Cette équipe de France était en réalité l’arbre qui cachait la forêt. Cette arbre que l’on voyait trop beau, que l’on exhibait à foison, comme pour mieux se vanter du développement « exponentiel » du futsal français version FFF. A croire, vu de l’extérieur, qu’il n’y avait que l’équipe de France. La France, ce n’est pas que Paris, tout le monde le sait pourtant.
Cela pourra paraître comme des propos très durs; mais les instances auront désormais l’occasion de (ne) se focaliser (que) sur l’essentiel: le développement de la discipline en partant de la base. A commencer par les règlements appliqués au futsal, « illogiquement » issus du football à 11. Vaste chantier.
Ne dit-on pas que lorsque l’on créé un club de futsal, il faut toujours commencer pour les catégories jeunes, et non pas par les séniors ?
Les instances ont beaucoup fait pour la discipline, à leur manière et selon une philosophie propre. A défaut de naturaliser à tout bras des brésiliens, l’équipe de France de futsal FFF a désormais le mérite d’exister avec ses « propres enfants ». Merci. Oui, nous ne serons pas à l’Euro. Mais sûrs de notre chemin à parcourir et de notre vivier de joueurs en devenir. Un Pôle France existe désormais à Lyon et fonctionne plutôt bien, préparant une génération de « purs » futsaleurs qui ne manquera pas de « faire du bruit » à l’avenir. Et c’est tant mieux. On peut toujours faire mieux, mais c’est déjà beaucoup, comparé à d’autres pays.
Place maintenant aux clubs, et notamment de la base. Place maintenant à un changement de gouvernance (lire notre article). Combien de clubs français sont habituellement dans le dernier carré en Ligue des Champions ? Combien de joueurs français peuvent prétendre à la LNFS espagnole ou à la Serie A italienne? Combien de clubs régionaux ou départementaux vont disparaître, faute d’accompagnement ? A quand les acteurs du futsal pour co-construire (aussi) la destinée de leur discipline ? Quand il y aura des réponses claires à ces questions, il y aura de quoi espérer un dénouement logique d’une participation de l’Equipe de France à un mondial ou à un Euro.
Cette équipe de France (enfin) ne sera plus le mirage d’un futsal français qui reste (réellement) à construire, à structurer, à être mieux pensé. Une qualification à l’Euro 2022 aurait (peut-être/sans doute?) mis aux oubliettes les vrais questions, comme si tout allait bien. Or, ce n’est pas le cas. La structuration, si vantée, n’est pas seulement le fait de contraindre les clubs par plus d’obligations (statuts arbitrage, entraineurs…), mais à susciter l’adhésion, donner envie de progresser à ces clubs départementaux ou régionaux, exclus de toute compétition officielle depuis mars 2020 et le début de la pandémie de Covid. Plus que d’investir la « tête de fusée », il y a désormais l’occasion de mettre le paquet sur le « moteur » du futsal français FFF: les clubs, et notamment ceux en dehors de l’élite. Quel est concrètement le modèle voulu pour les prochaines années ?
Bien plus important que le débat sur qui devrait être le prochain sélectionneur ou les prochains sélectionnés, le plus important restera la direction que souhaitera insuffler l’instance dirigeante du football français pour « son » futsal qu’elle a souhaité impulser il y a plus de 20 ans. Chacun aura son avis, mais il y a tellement plus important.
Le futsal français version FFF peut devenir très grand, par ses clubs et par son équipe de France, simultanément. Les uns nourrissant logiquement l’équipe nationale. Il doit devenir grand. Il le deviendra. A condition que …
L’équipe de France? Merci. Elle nous a rendu fiers. Le futsal français ? Désormais, et pour un temps, plus tellement synonyme de la « vitrine équipe de France ». C’est gênant de se le dire, mais c’est tant mieux. C’est par des clubs français de l’élite forts (notamment sur la scène européenne) et par des clubs de la base accompagnés et écoutés (des clubs associés à l’avenir de leur discipline), que ce futsal français (et l’équipe de France) deviendra désormais (enfin) grand. Un vrai défi à relever.
A la bonne heure, il y a désormais le temps…