#Mercato: Nelson Lutin, d’ACCS vers Catane (serie A), un bon choix?
L’information planait depuis quelques temps au-dessus des observateurs. C’est désormais bel et bien entériné: Nelson Lutin quitte bien ACCS Futsal pour s’engager en Serie A avec le club sicilien de Catane.
Le parcours de rêve du gamin du 93
Nelson Lutin, ACCS. Nelson Lutin, equipe de France. Que de chemin parcouru pour le joueur originaire de Villepinte en Seine-Saint-Denis, depuis son arrivée en 2017 dans le club d’ACCS (appelé alors ACCES), et un titre de champion de D2 acquis à l’époque. Depuis, le joueur de 23 ans (né en 1997) aura conquis son monde en marquant de son empreinte un futsal français qui avait besoin d’un personnage fort lui permettant une meilleure visibilité, à l’international notamment: des résultats sur la scène nationale en club avec une coupe nationale en 2017, un championnat de D2 en 2019 et 2022, de D1 en 2021 (finaliste en 2019), et un Final Four comme la cerise d’un gâteau couronné de succès depuis plusieurs années.
L’ascension aura donc été rapide pour un Nelson Lutin aussi virtuose que percutant: un joueur nous ayant habitué depuis 5 années de tout l’étalage de son talent, avec « bruit et fracas » pour ses adversaires, le côté introverti du joueur, pouvant parfois dérouter, ne laissant pas présager la réalité du parquet que tout le monde connait (et attend) aujourd’hui: Nelson est le « bombardier » que le futsal français attendait. Souvent (si ce n’est la quasi-totalité du temps) un régal pour les yeux.
Venant du handball et passé par le club des Artistes (2014-2017), l’apothéose aurait pu être sa première convocation en équipe de France de Pierre Jacky en 2018 face à la Suède. Il n’en sera rien. Ou plutôt, il en sera encore plus. Si la marge de progression du joueur reste grande, et ses contributions avec l’équipe de France prometteuses avec en ligne de mire les éliminatoires pour le prochain mondial, Nelson Lutin aura aussi contribué à briser un peu plus une malédiction que l’on pensait éternelle pour les joueurs de futsal évoluant dans l’Hexagone: celle ne pas pouvoir s’exporter, condamnés à ne pas pouvoir aller au-delà du périphérique. Ils sont en effet légion ces joueurs français trop talentueux à avoir écumés tous les clubs de leur région, par obligation certes parfois (statut amateur du futsal), mais souvent aussi par paresse, manque de confiance ou peur. Faut aussi dire que les égos surdimensionné de certains, couvés par certains clubs français, seraient vite dégonflés au premier entrainement dans un club portugais, slovène ou italien …
L’Italie, nous y viendrons justement. A l’image d’un Mustapha Otmani (Omonia) ou du globe-trotteur Kévin Ramirez (Baku United, Sparta Prague, Lazio…) à leur époque, d’Abdessamad Mohammed (Matera) et d’Amin Benslama (Molina/Jimbee Cartagena) la saison passée (ou du jeune Touré au Barça cet été), c’est désormais à Nelson Lutin d’ouvrir une nouvelle voie: celle d’un accès direct à l’équipe première d’un club de l’élite de « calcio a 5« .
Que vaut le club de Catane? Un club moyen en 2021-2022 mais …
Oui, bon, Catane pourrait paraître comme un lointain club, dans une ville toute au sud de l’Italie, dans la lointaine Sicile. Le club de la deuxième ville de Sicile, qui compte 300 000 habitants, pourrait être un choix « en bois » pour ceux ayant été rapidement au fait du transfert de Lutin, lui qui était pressenti la saison passée du côté de la LNFS espagnole. N’ira t-il en Sicile que pour manger des cannolis et des arancinis (spécialités siciliennes), voulant fuir à tout prix et rapidement le club d’ACCS, en proie à des difficultés en ce moment? C’est sans doute mal connaître le club de Sicile. Ce constat est sans doute celui des futsalix, ceux-là même irritent tout le monde à force de surnommer Nelson Lutin le « Mbappé du futsal » (appellation aussi ridicule que de dire que Landry N’Gala est le « brésilien du futsal français » au passage).
Il est vrai qu’au premier regard le club de Catane pourrait paraître être un choix risqué. Le club du « Bricocity Meta Catania Calcio a 5 » a en effet terminé 11ème du dernier exercice, à 37 points (derrière le Matera de Mohammed, Josete, et des argentins Basile et Edelstein). Mais plusieurs raisons nous poussent à croire que Nelson Lutin a bien fait le bon choix.
Côté résultats d’abord, le club, dès sa promotion en Serie A en 2018 et sa finale en Serie A2, s’est toujours maintenu en Serie A depuis. Loin de faire de la figuration, le club, 5ème en Serie A pour sa première saison dans l’élite, joue la saison suivante (2018-2019) un quart de finale de play-off et un autre quart en Coupe d’Italie. 7ème de l’exercice 2019-2021, Catane (renommé Meta Catania C5) en 2020, atteint la finale du Scudetto (défaite face au rouleau compresseur de l’ItalService Pesaro de Borruto). Hormis donc une saison 2021-2022 plutôt médiocre (11e sur 16), les résultats réconfortent.
Deux autres raisons sont également rassurantes. Celle d’abord que le club du président Salvatore Martella a d’ores et déjà les moyens de ses ambitions pour la prochaine saison, le club sicilien ayant, outre Lutin, de quoi monter une équipe très compétitive pour jouer les premiers rôles avec les arrivées du pivot espagnol Alex Garcia en provenance de LNFS (El Pozo Murcia, Valdepenas, Levante) ou de l’international italien Pulvirenti (CMB Matera). Sans parler des prolongations au club, notamment de la « star » argentine Kiki Vaporaki, vainqueur en février dernier de la Copa America face au Paraguay (1à 0), ou de l’espagnol Javi Alonso. Une autre raison de ce bon choix est que le partenaire principal du club, Bricocity, aurait plutôt une assise financière solide (groupe comparable en Italie au Gifi français). Le club de Bricocity Meta Catania C5), un fort gage de sécurité donc.
Pour finir, le choix de Nelson Lutin d’aller dans un club sérieux d’Italie, avec une ferveur populaire certaine (5000 places), avec de réelles ambitions sportives, et dont le budget semble être au rendez-vous, laisse présager que notre bombardier national aura toute l’amplitude d’exprimer son talent et pourquoi pas, d’aller par la suite chez un grand cador européen en position très favorable. Le français sera à coup sûr l’un des acteurs principaux du casting mis en place par le coach sicilien Tarantino (…Carmine Tarantino). Si la Sicile pourra permettre au joueur de Villepinte, désormais ambassadeur du futsal français, de poursuivre son ascension (et notamment en Equipe de France), on ne dit pas non. On veut la France de Raphaël Reynaud à la Coupe du Monde nous. Autant que Lutin se frotte dès maintenant aux nombreux internationaux évoluant en Serie A et au niveau de jeu élevé du côté du championnat transalpin. Et puis si les Arancinis sont bons, c’est encore mieux….
Pour le public sicilien « la question restera surtout de se poser la bonne question »: seront t-ils prêts mentalement à assister chaque week-end au bruit de lancement des réacteurs du bombardier?
Ils verront sans doute qui est le « De Niro de Tarantino ». Promis, ils n’oseront bientôt plus la comparaison avec M’Bappé. Car Nelson … c’est Nelson.